Logiciel Apiclass
Apiclass : du nouveau dans l’identification des races d’abeilles
Depuis sa création, le conservatoire de l'abeille Noire Provençale a eu besoin d'un outil d'identification des différentes races d'abeilles (en particulier la noire!) performant et rapide. Les premières recherches sur l'évaluation de la présence de l'abeille noire en Provence, étaient encourageantes. Les analyses de populations, menées alors par Lionel Garnery, ont permis d'en confirmer la réalité. La recherche et l'introduction sur l'ile de Porquerolles, d'une série de colonies noires est devenue chose possible. Les résultats des analyses génétiques, obtenus à l'aide des marqueurs moléculaires, ADN mitochondrial (ADNmt) et séquences microsatellites, l'ont confirmé.
Ces analyses d'une grande précision sont néanmoins lourdes à mettre en oeuvre et longues. Entre le prélèvement et le résultat, la colonie était quelquefois difficile à retrouver. De plus, Lionel Garnery occupé par d'autres projets (et pour cause) n'était plus en mesure de faire de nouvelles analyses. Plus moyen de pouvoir introduire des colonies sans être sur de leur lignée noire. Le besoin d'introduction de nouvelles colonies sur l'ile est devenu urgent, afin d'éviter toute consanguinité, et en vue de toujours maintenir une diversité génétique la plus large possible.
Le site APICLASS nous offre cette nouvelle approche, tant attendue.
Mis au point par Michel Baylac (Muséum National d'Histoire Naturelle) et Lionel Garnery, ce logiciel permet à partir d'une image scannée d'aile d'ouvrière d'identifier les lignées et les sous-espèces d'abeille Apis mellifera. Attendu depuis quelques années, la mise au point a été un peu plus longue que prévu. Basée sur la morphométrie géométrique, qui prend en compte 19 points repères sur l'aile, ainsi que leurs coordonnées, elle est supérieure à la morphométrie classique, qui ne prend que 3 points. Le logiciel minimise toute erreur de mesure de l'opérateur, et remet toutes les mesures à l'échelle (différente suivant les systèmes de numérisation). Ce système a nécessité la création d'une banque de plus de 5000 ailes répertoriées selon leur sous-espèce (race). Toutes mesurées et également génotypées par les analyses de L. Garnery. Analyses qui ont d'ailleurs confirmé les mesures morphométriques.
Il permet donc l'identification probable d'une aile donnée : sous espèce (M,C,O ou A) et pour chacune d'elles les lignées correspondantes (par ex. pour M : mellifera, iberica, intermissa etc...) et cela pratiquement dans l'instant.
Un peu de matériel
Toutefois pour arriver à ce résultat, il faut un peu de matériel informatique et un peu de pratique. Un ordinateur et une connexion internet. Un système de numérisation : scanner à diapositives ou microscope avec système d'acquisition numérique, appareil photo numérique reflex sur statif macroscopique. Le scanner à diapo est le seul système abordable pour le public. Le scanner à plat avec position diapo n'est pas adapté. Nous l'avons utilisé au début, et malgré beaucoup d'essais, il demande des manipulations d'images pour arriver à une résolution, qui est vraiment en limite basse.
Un peu de pratique
L'aile doit être préparée entre 2 lames de microscope, prise dans une goutte d'eau déminéralisée. Il est entendu que l'aile doit être entière, non brisée, sans corps étranger et sans bulles d'air. Ceci afin d'assurer une image de qualité, qui n'altérera pas les mesures prises par le logiciel. En effet, il calcule les distances entre les points, ainsi que l'angle entre ces mêmes points. Une tache sur l'image ou une aile cassée a un endroit, et toutes les mesures sont faussées. Et un résultat qui l'est encore plus....
L'année 2009, nous a permis, après beaucoup de tentatives, de nous faire la main et véritablement de ''tester'' le logiciel Apiclass. Dans un premier temps en scannant les colonies présentes sur l'ile, puis sur des souches caucasiennes, buckfast, et prochainement italiennes. Pour un résultat fiable, il est nécessaire de scanner plusieurs ailes d'ouvrières de la même colonie, très jeunes et si possible sur différentes périodes.
Pour obtenir des résultats
Nous avons vraiment passé du temps au début, pour arriver à des résultats encourageants. La préparation des ailes et le scan, demande une prise en main et une rigueur, pour être sûr de ne pas fausser les résultats. La presque totalité des ailes scannées a été conforme à l'attente (colonies de l'ile, ou souches). Les mauvais résultats étaient dus à des ailes abimées ou impossibles à scanner. (d'où l'importance de prélever plusieurs abeilles). Une rencontre avec les créateurs d'Apiclass, au mois de janvier 2010 au Muséum National d'Histoire Naturelle, a été intéressante et constructive, avec la certitude d'aller dans la bonne direction.
Le site Apiclass
Toutes ces données, ainsi que le site Apiclass, sont évidement ouverts à tous, et gratuits. N'hésitez pas à vous connnecter, il est vraiment bien documenté et il vous en apprendra beaucoup plus que cette simple information. Voilà donc un outil qui nous permettra de introduire de nouvelles colonies noires sur les ruchers du conservatoire. Et ainsi de pouvoir continuer le travail de plusieurs années. Malgré tout, les analyses génétiques resteront incontournables dans certains cas litigieux. Nous continuons les recherches d'un laboratoire proche et compétent, capable de les mettre en oeuvre.
Voici l'adresse du site : http://apiclass.mnhn.fr
Les lignées
Un petit rappel en ce qui concerne les sous-espèces et leurs principales lignées :
M : ouest méditerranéen et nord-ouest de l'Europe : Mellifera (ou mellifica), Iberica, Intermissa, etc
C : Méditerranée centrale et sud-ouest de l'europe : Ligustica, Carnica , Cecropia, etc
O : Moyen-orient : Caucasica, Anatoliaca, Armeniaca, etc
A : Afrique : Intermissa, Sahariensis, Adansonii, etc